Tas de soufre a goro

GORO - UNE HISTOIRE SULFUREUSE

GORO - UNE HISTOIRE SULFUREUSE

1853 : prise de possession du territoire, l’ensemble des terres est confisqué (dont Goro) par l’État français.

1920/1936 : l’État français vend des mines, dont celles de Goro, à des sociétés minières japonaises.

1945 : l’État français confisque (2nde fois) les mines de Goro, aux japonais cette fois, avec tous leurs biens, et les attribue au BRGM

1966 : De Gaulle visite la NC, promet une 2nde usine de nickel, missionne le BRGM pour former avec Inco la Société Cofimpac : INCO apporte les moyens et un procédé de traitement, le BRGM apporte le gisement et garde 60 % des actions (!!). Mais la baisse des cours fait capoter le projet.

1992 : l’État français, sous pression de la province Sud, revend (2nde fois) Goro, via la filiale Sopromines du BRGM, pour 3 milliards de FCFP... à INCO et prend au passage modestement cette fois une participation de 10 % des actions de Goro Nickel. Le but de cette précipitation ? Peut-être prendre de vitesse le développement de l'usine du Nord, pour qu'elle échoue faute de main d'oeuvre qualifiée locale entre autres ?

Valeur estimée du gisement de Goro : 366 millions de tonnes sèches à 1,59 % de nickel contenu, soit 5,8 millions de tonnes de nickel métal, et donc 32 mois à 3 ans de consommation mondiale : à 60.000 tonnes de nickel par an (capacité prévue), cela fait un siècle de production.

1994 : début des premiers carottages et études d’impact.

1995 : décision d’utiliser (de tenter ?) l’hydrométallurgie pour exploiter des latérites à faible teneur en nickel.

1996 ; Inco achète le gisement de Voisey Bay (Canada) semblable à Goro (nickel, cobalt etc) pour $ 4.3 milliards (soit 430 milliards de FCFP)

1997 : présentation du projet d’usine pilote de Goro pour valider le procédé de lixiviation sous pression, et vérifier le mode opératoire.

1998 : un cash-cost à $2 la livre est prévu grâce à la valorisation du cobalt (Nickel extrait seul coute $1,1 la livre)

1999 : création d’un comité de sauvegarde des interets des tribus de Yaté (craintes devant le procédé)

2000 : usine pilote fonctionnelle. 1ers résultats validés, notamment faisabilité environnementale.

2001 : décision de construction de l’usine commerciale et création de la société Goro Nickel SAS. (Investissement prévu à 120 milliard FCFP, mais suspendu en 2002 pour dépassement, repris en 2005 et revu à 513 milliards FCFP en 2010).
Vote d’une loi du pays sur la fiscalité des grands projets métallurgiques : 
exonération de tout impôt pendant 15 ans ; suppression des taxes à l’importation de tout matériel minier depuis la mise en route du projet, etc. Egalement défiscalisation de 63 Milliards FCFP par l’État français (loi Girardin).
Courrier de tous les grands chefs et du conseil d'aire Djubéa Kaponé demandant un moratoire de 2 ans.

2002 : création du Comité Rhéébu Nùù (Oeil de la terre/du pays) pour : améliorer la participation des populations locales dans le projet, protéger l’environnement et ne pas affaiblir la position des kanak.

2005 : (février) constitution de la SPMSC. L’État français lui vend pour 7,4 milliards de FCFP les 9,71 % d’actions qu’a toujours le BRGM dans Goro Nickel (produit de la vente des terres confisquées aux Kanak puis aux Japonais). Le BRGM grand seigneur accepte de différer le paiement jusqu’à ce que l'usine atteigne 80 % de sa capacité prévue fin 2008, et si la SPMSC reçoit des dividendes qui lui permettront de payer, mais les intérêts (2 % l’an) s’ajouteront alors !
La SPMSC paye en plus 200 millions FCFP (à Goro Nickel) pour arrondir ses 9,79 à 10 %.

Par ailleurs, la SPMSC, devenue actionnaire, doit participer aux investissements de Goro Nickel : elle contracte un emprunt de 2,4 milliards FCFP (garanti par Inco) et un engagement pour un autre emprunt de 12 milliards FCFP dès que l'usine aura atteint 80 % de sa capacité. 

Inco détient alors 69 % du capital de Goro Nickel, SPMSC 10 %, et Sumitomo et Mitsui 21 %.

2006 : Inco est racheté par Vale. L’assemblage de l’usine commence, sur 3 ans, plus 3 de rodage. En juin, le Tribunal Administratif annule l’autorisation ICPE, pour non respect des normes environnementales.
Rhéébu Nùù dénonce l'utilisation de 3000 employés Philippins pour le chantier, et se bat contre le rejet de déchets miniers par un tuyau de 21km, dans le lagon proche, avec 25 métaux lourds différents et certaines teneurs interdites en France ou USA.
Suite à une "opération commando" qui fait de gros dégats sur l'usine, Raphaël Mapou est mis en examen (complicité d'attroupement armé).

2008 : démarrage progressif de la production. 1500 emplois directs et 3500 indirects sont prévus.
Le 11 septembre, signature
avec Goro Nickel, les coutumiers et Rhéébu Nùù d’un pacte pour un développement durable du grand sud, mise en place d’un comité consultatif coutumier pour l’environnement et l’implication des populations locales (cf résumé).
La liste de Rhéébu nùù remporte les municipales à Yaté.

2009 : 1er essais de mise en service de l’usine et entrée en production. Accident (fuite) le 1er avril : 44 000 litres d'acide sulfurique pur à 98 % se sont déversés dans le creek de la Baie Nord, tuant immédiatement près de 3 000 poissons, crevettes et anguilles, dont des espèces endémiques. Arrêt des essais de l’usine de production d’acide, et travaux…
Vale Monde distribue 275 Milliards de FCFP à ses actionnaires (plus que le total annuel des salaires).
2010 : effondrement d'une colonne d'extraction

2012 : 1er incident majeur : la corrosion de l’unité de production d’acide sulfurique avec fuite d'acide., puis débordement de "solution mère" (300m3)
2013 :
 l’équipage du Betico découvre les ruptures à deux endroits de l’émissaire marin (« grand tuyau) reliant le port au canal de la Havannah : depuis un temps inconnu,  des milliers de litres de rejets chimiques de l’Usine se sont déjà déversés dans le lagon.

Un camion renverse 30 Tonnes de soufre, très inflammable, au rond point de la Conception, Mont Dore.
2014 : 2ème incident majeur : fuite de 100 000 litres d'effluents d'acide sulfurique, déversés dans le creek de la Baie Nord.

2016 : L'actionnaire japonais de Vale-NC, Sumitomo (Sumic), porteur de 21% puis 14.5% des parts, quitte la société. Vale recherche un remplaçant...
2016 : la SPMSC n’a pas pu payer le BRGM, qui applique les pénalités et intérêts prévus : 500 millions FCFP. Payable en 3 périodes : un différé jusqu’à la mise en service de l’usine, puis un versement de 40 % des dividendes (s’il y en a) pendant 15 ans, puis si tout n’est pas alors payé, des versements à renégocier.

Autre problème : la part de la SPMSC ne vaut plus 10 %, l’usine ayant dû dépenser plus suite à la fuite d’acide dans la nature (destruction totale de la faune et de la flore du creek de la baie nord), à l’effondrement des colonnes d’extraction par solvant, à la déshérence de l’émissaire marin dans le lagon (dispersion de l’effluent dans les eaux protégées par l’UNESCO), etc.

Au total, la dette de la SPMSC est de 41,5 milliards FCFP : 8,7 au BRGM, 28,9 à VALE, et 3,9 aux banques. VALE et le BRGM peuvent attendre, pas les banques !

Vale met en place un plan pour réduire de $8,16 à $5,90 le « cash cost » de la livre de Nickel ($2,2 prévus en 1998). Le Nickel se vend en mai 2016 entre $4,31 et $3,85. VALE NC produit 2 fois plus cher.

2019 : Nouveau pacte d'actionnaires signé entre Vale et la SPMSC. SPMSC restait à devoir 36,9 milliards FCFP à Vale (7,7 de prêt bancaire et 29,2 pour les levées de fonds que Vale avait fait pour elle pour payer les surcouts de l’usine). Vale abandonne les 7.7 et réduit les 29.2 à 10 milliards FCFP.
Les paiements de la SPMSC étant sous condition qu'elle les fasse sur les bénéfices, elle ne devait en fait rien, puisqu'il n'y avait pas de bénéfice. Mais Vale sous-entend par là qu'il n'y en aura jamais : elle veut vendre...
Ironiquement, Vale propose à SPMSC, qui ne détient plus que 5% de l'actionnariat, de lui faire un prix si elle veut monter à 10% : 10 milliards FCFP !

Principaux Elements et Chiffres de l’usine :

A/ Les installations (surface usine : 22 ha) :

- mine à ciel ouvert conçue pour 30 ans.
- 1 usine de préparation / traitement (nickel / cobalt)

- 1 centrale électrique au charbon
1 usine de production d’acide sulfurique
- 1 centrale à vapeur
1 usine de calcaire et un four à chaux
- 1 port industriel (baie de Prony)

- 1 installation de traitement des effluents et son émissaire de rejet en mer

- 1 site de stockage des résidus

- 1 base vie.

B/ Les prévisions de production :

- 60 000 Tonnes/an de nickel et 4 500 T/an de cobalt.

- Mise en œuvre par une consommation en soufre de 460 000 T/an et 12 000 000 T/an de terre déplacée.

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BRGM : Bureau de Recherches Géologiques et Minières
Lixiviation : Extraction par ‘lavage’ avec un solvant, ici c’est à l’acide sulfurique et sous pression de 60 bars.
Cash-cost Coût total réel de tout le processus d’extraction jusqu’au produit à vendre. 
SPMSC
 Société de Participation Minière du Sud Calédonien rassemble la province Sud à travers PromoSud (50 %), le Nord (25 %) et les îles Loyauté (25 %)
ICPE : Les Installations Classées pour la Protection de l’Environnement doivent suivre des normes pour être autorisée
s.

Backès ICAN Trafigura Vale Goro

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